6 décembre 2023, Les Pouvoirs de la parole, Conférence-débat

Les Pouvoirs de la parole

Résumé

« Dieu dit que la lumière soit! Et la lumière fut », G. 1.3

« Les mots ont le pouvoir de guérir ou de détruire, quand ils sont justes et généreux ils peuvent changer le monde ». Siddharta.

Du pouvoir créateur du verbe à la force de l’acte de la parole en politique comme dans toute quête de justice, les mots sont la racine invisible des choses, des êtres, des actes et des constitutions. S’ils nous permettent de décrire le monde et de le maitriser, ils peuvent aussi révéler la dimension de soi et se teinter d’un pouvoir psychologique, esthétique et cathartique.

La Capsule sur les pouvoirs de la parole fera écho aux deux pièces de théâtre :

37h, par la COMPAGNIE IN LUMEA, et Bleuenn & Rozæ / Patchwork par la COMPAGNIE SERRES CHAUDES

L’une voit le processus de guérison qui s’opère par l’acte de transformer les maux en mots, il envisage le langage dans sa dimension cathartique et dans sa quête de justice.- Comment la parole peut-elle guérir ?-

L’autre parle du pouvoir de la parole, par le rapprochement inattendu des mots « textes » et « textile », comme si les mots étaient une seconde peau qui exprimait notre position dans le monde social. La qualification, la manière dont on nous qualifie, constituerait le textile de notre existence sociale, et par conséquent le textile de notre existence psychologique et familiale qu’il détermine.

Les deux pièces, en partant d’un point de vue particulier, d’une vie, s’ouvrent  à la dimension collective autrement dit à la politique.

Or tout cela est joué au théâtre. Comme si le pouvoir des mots ne trouvait sa véritable force qu’au théâtre ou du moins comme si l’origine de ce pouvoir de la parole ne pouvait que s’expérimenter, s’appréhender, n’être donné à voir qu’au théâtre.

C’est au théâtre que tous les mots sont écoutés, déshabillés de leur inégalité sociale, pour être vus, chacun des personnages ayant le même accès à la parole, à la même qualité d’écoute qu’il soit roi, femme ou mendiant, qu’il crie ou qu’il murmure.

C’est pourquoi nous avons choisi de nous intéresser d’abord au pouvoir poétique de la parole au théâtre. Par « poétique », il faut entendre le sens original du grec « poien », façonner, transformer. Mais quelle est la portée de ce pouvoir poétique sur nous même, sur la justice et sur la manière de vivre ensemble qu’est la politique ?

Comment la parole au théâtre parvient-elle à être poétique, c’est-à-dire à nous transformer et à transformer le monde.

Nous développerons notre propos en trois temps : 

1.La parole poétique, « changer la vie » dans laquelle nous voyons que la parole au théâtre amplifie, transforme et nous transforme, nous guérit -dimension cathartique- en portant la question individuelle dans la sphère collective où elle pose la question de la justice.

2. Ce qui nous conduit à une deuxième dimension de la parole, celle qui en quête de justice, « obtenir justice, édifier les lois ».

3 Enfin nous aborderons la dimension de la parole publique- donc politique !- dans laquelle nous verrons avec P. Bourdieu « ce que parler veut dire », sa dimension sociologique et économique, et avec J. Austin, si dire, c’est agir, ce qui constitue la dimension performative du langage, lorsque le langage « produit des actes » .

7 novembre 2023, Alexandre Dumas et Monte-Cristo, Conférence

Conférence de Bernard PIGOT, enseignant universitaire, maitre de conférence en histoire du théâtre occidental, metteur en scène et directeur du théâtre rural le « 5 coté jardin »

Hors les Murs, à l’Atelier à Spectacle, rue de Torçay, à 28 Vernouillet, à 19h00

Si l’histoire vraie (1807) du nîmois François Picaud est à l’origine du roman d’Alexandre Dumas, il n’en demeure pas moins que, dans ce texte, on peut identifier facilement des sources directes liées très objectivement à la biographie d’Alexandre Dumas, comme son emprisonnement injuste pour dettes, terreau assez évident pour pointer la thématique de l’erreur judiciaire et de la vengeance. Témoin également, son goût immodéré du voyage (Afrique, Europe) qui a exacerbé une vie déjà fort tumultueuse, ponctuées d’aventures aussi diverses que dangereuses, et de relations amoureuses passionnées et fiévreuses, – une trame de fond que l’on retrouve sans cesse dans le roman. A noter également, sa participation active à la révolution de 1830, une dimension politique et sociale qui transpire là encore dans son écrit avec un jugement d’une implacable lucidité sur une société bourgeoise qui s’hystérise dans les fausses valeurs et la corruption.

Les thèmes précités seront bien sûr abordés, mais j’aurais à cœur de développer ce que l’on peut considérer comme source biographique indirecte pour l’écriture de ce roman, une véritable empreinte charnelle : petit-fils d’un noble français et d’une grand-mère africaine, Alexandre Dumas a lutté une grande partie de sa vie contre la discrimination, les préjugés raciaux et sociaux dont pouvait se repaître la société de l’époque. Le thème de l’exclu, du paria, me semble donc être quelque chose à questionner à la lecture de ce roman et sans doute en tirer leçon pour notre présent.

20 septembre 2023, Goûter Philo, « L’échec »

Hors les murs, en partenariat avec L’Atelier à Spectacle, le Séchoir

Par Éléonore DUPRET, ancienne élève de l’ENS Ulm, professeur de philosophie en lycée, chargée de cours à l’université, spécialiste de l’interprétation métaphysique de l’harmonie musicale et conférencière
En résonance avec la démarche du spectacle Try again, par la Cie Les Beaux Fiasco

Samuel Beckett : « Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux ! »

L’échec ne sera pas d’abord envisagé dans sa dimension culpabilisante ou problématique mais dans son geste esthétique, dans son mouvement, presque dans sa caractéristique vitale qui montre que nous sommes en vie et en mouvement. Dans une décomposition du mouvement, par exemple, de la marche, l’échec, la chute, le déséquilibre fait partie intégrante du mouvement.

C’est pourquoi nous avons choisi comme point de départ, non pas l’échec mais l’émotion de l’échec. En faisant appel à tous nos sens. Nous chercherons avec les enfants à décrire sa couleur, sa saveur, son odeur, sa texture, sa musique (rythme, mode et mélodie). Et vite nous nous apercevons, qu’il a plusieurs saveurs ou couleurs et que celles-ci évoluent et plus intéressant encore, celle-ci se transforment : l’échec, quand il se présente s’accompagne d’une sensation plus exactement d’une émotion, parce que celle -ci se transforme (à la différence du sentiment qui est l’expression affective d’une émotion durable).

Mais pourquoi cette émotion se transforme et évolue ?  A cause de l’idée qui l’accompagne. Ce qui fera l’objet de notre deuxième partie: tentative de définition de l’échec (le mot vient-il de : é-choir chuter, échouer ou fauter) et mise à l’épreuve des catégories échec /succès chères à notre époque.  Cela nous ouvrira alors un horizon constitué de tout un dégradé chromatique des interprétations possibles de l’échec.

INFOS PRATIQUES 

Mercredi 20 septembre 2023, 15h, Le Séchoir
Entrée libre et gratuite
Le goûter-philo sera précédé à 14h d’une sortie de résidence de la Cie Les Beaux Fiascos

Mai à septembre 2023, Gosti, sculpteur, Exposition.

L’exposition GOSTI a eu lieu de Mai à septembre 2023

Lorsque l’on connait le parcours de Gosti, on entrevoit le personnage, car c’est bien d’un personnage dont il s’agit.

Un parcours assez chaotique entre études techniques et tentations artistiques encouragées par ses professeurs qui ne le reconnaissent pas dans l’électro-mécanique et favorisent son entrée à l’école Olivier de Serre où il reste 5 années.

Ses goûts vont à la sculpture : à 26 ans, il achète ses premiers blocs de marbre et confirme une vocation depuis longtemps pressentie, enrichie par son père (ouvrier chaudronnier) qui lui enseigne le travail du métal qu’il intègre peu à peu dans ses créations.

Ses débuts professionnels sont une alternance entre succès et calme, entre euphorie et doutes, entre opulence et vaches maigres, mais aussi entre amour et désamour. L’apparente force du corps laisse paraître un farouche besoin d’être à deux qui le détruit chaque fois que l’équation n’est pas satisfaite.

Pendant une longue période, la vie de Gosti s’apparente à un chantier de reconstruction, à l’image de ses sculptures du début : assemblages d’éclats de pierres auquel il tente de donner vie, homogénéité, cohérence et surtout sentiments.

Son domaine de prédilection se sont les visages, ce qui l’inspire : l’émotion d’une expression, la tendresse d’un regard. Les corps sont certes présents mais comme supports, ils restent bruts, rustiques, sans réelle légèreté, ne gardant avec le visage que la cohérence de la pierre. Parfois même, ils se transforment en métal ou en bronze comme pour mieux mettre le visage en exergue.

Le génie  » paradoxal  » de Gosti est de faire cohabiter des éléments aussi opposés que le granit et le métal avec la délicatesse et la fragilité des expressions.

Gosti c’est l’homme qui parle au cœur des pierres

Il faut le voir lire un bloc de granit sur son plateau tournant, y reconnaitre la potentialité d’une forme, l’esquisse d’un profil, la douceur d’une courbe, la brutalité d’un éclat. Sous son regard, le bloc se transforme, semble perdre de sa dureté et se prépare à s’adonner au burin.

Mais, ne nous y trompons pas, même si l’homme se sent souvent seul au milieu de ses « compagnons du silence » comme il se plaît à les nommer, c’est la panoplie complète des sentiments humains que cet artiste nous donne à voir.

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